Lilypie Third Birthday tickers

lundi, octobre 03, 2005

J'ai survécu...

Finalement, j'ai survécu à ma première garde aux soins intensifs et j'ai survécu à la rencontre avec la directrice de mon programme de résidence.

La garde a été très occupée mais aussi très palpitante! J'ai pu poser une intraveineuse spéciale qu'on appelle une "voie centrale", c'est une intraveineuse posée dans les grosses veines du cou. J'ai réussi à la mettre du premier coup, alors j'étais vraiment très fière de moi! Aussi, j'ai posé une "voie artérielle", qui est un cathéter dans une artère du bras. C'est pas évident de faire ça parce que ça fait mal au patient et donc il essaie de bouger son bras et aussi parce que l'artère se contracte quand on la touche avec l'aiguille sans entrer directement dedans, ce qui fait que c'est un truc assez difficile à faire. Et comme les infirmières ne posent pas ces deux types de cathéters, il faut donc apprendre à les poser en tant que médecin. C'est cool, j'ai fait les deux pour la première fois pendant ma première garde et en plus j'ai réussi :-). Tout de même, ça a été assez occupé donc j'ai dû dormir l'équivalent d'une heure pendant toute la nuit, et comme je devais rester éveillée jusqu'à 17h le lendemain au moins (parce que j'avais des cours tout l'après-midi), ça a été assez difficile sur le système!

Et puis la rencontre avec ma directrice de programme m'a vraiment brassée. Elle m'a "dévictimisée" beaucoup, elle m'a fait comprendre que c'est un peu de ma faute ce qui s'est passé, elle m'a dit que je devais mieux me défendre dans le futur et elle m'a fait prendre conscience de pas mal d'affaires. C'était vraiment humiliant parce que je pleurais en face d'elle et j'étais pas capable d'arrêter, et elle continuait de parler comme si de rien n'était ou presque, mais bon, je suppose qu'elle a dû en voir des pires que ça, alors finalement je pense que je me suis remise assez facilement de cette plaie sur mon orgueil ;-). Donc vendredi soir je me suis déniaisée, j'ai arrêté de pleurer sur ce qui s'est passé avec ce gros con et j'ai décidé que j'avais fini de pleurer sur mon sort (dans un sens plus général). Alors j'ai téléphoné à ma soeur et je me suis planifié une sortie avec elle, et puis j'ai aussi appelé une de mes bonnes amies de Chicoutimi (qui reste maintenant à Montréal mais bon, pour moi ça sera toujours une amie de Chicoutimi parce que c'est vraiment là-bas qu'on était souvent ensemble) pour prendre de ses nouvelles et pour l'inviter à faire quelque chose cette semaine. Deux sorties en moins d'une semaine avec quelqu'un autre que mon chum, c'est vraiment un miracle (ou presque).

Je dis que c'est un miracle parce que disons que les amis ne courrent pas les rues ces temps-ci, et on dirait que j'ai vraiment pas le tour de garder les rares que je puisse avoir. J'ai vraiment perdu toute confiance en moi par rapport à ma capacité d'avoir, d'intéresser et surtout de garder des amis. À chaque fois que j'ai envie de les appeler, j'ai une crise d'angoisse en regardant le téléphone, j'ai peur qu'ils ne se souviennent plus de moi et j'ai peur d'être rejetée je pense. Avec ma soeur c'est plus facile parce que c'est ma soeur, même si on n'a pas été très proche ces dernières années on a quand même grandi ensemble et on partage beaucoup de choses (euh, plutôt beaucoup de gens dans notre entourage!) donc j'ai pas vraiment peur qu'elle ne se souvienne plus de moi ou qu'elle me rejette. Mais bon, si je ne me force pas à faire quelques pas envers ceux que je considère comme mes amis, ils n'auront aucun moyen de savoir que je les estime beaucoup et que je tiens à eux, donc en ce sens je sais bien que je me nuis.