Lilypie Third Birthday tickers

vendredi, août 18, 2006

Pleurs

Il n'y a rien que je déteste plus que de me mettre à pleurer à l'hôpital. Pourtant, ça ne manque jamais, depuis que je suis résidente ça m'arrive toujours au moins 1 fois par mois.

Aujourd'hui je peux dire que je m'y serais attendu. J'ai fait une couple de gaffes hier avec les patientes d'oncologie, rien de bien grave qui aurait pu mettre leur vie ou même la qualité de leur soins en danger, mais assez pour faire capoter le médecin traitant. Erreur #1 : Je n'ai pas eu le temps d'aller voir une des patientes avant 10h le matin parce que j'étais occupée à des trucs plus prioritaires (i.e. téter la radiologie pour qu'ils acceptent de drainer ses poumons plein d'eau). Erreur #2 : J'ai demandé une formule sanguine pour une autre patiente parce que celle du matin était dangereusement basse, et en plus de m'assurer que l'ordonnance est écrite dans le dossier je le demande de vive voix à l'infirmière. À 17h30, lorsque je veux vérifier le résultat dans l'ordinateur et que je constate que OH MALHEUR la maudite formule sanguine n'a pas été faite, je panique et je le dis à l'oncologue AVANT d'appeler à l'étage pour régler le problème. BIG MISTAKE!! Elle m'a pris pour une incompétente qui ne sait même pas demander une formule sanguine et elle était vraiment mécontente. Résultat : lorsqu'elle se pointe ce matin pour faire la tournée avec nous à 9h (signe que la confiance est en décroissance, elle ne se pointe jamais aussi tôt le matin pour voir ses patientes), elle me dit «Je dois vous parler, à toi et à X (l'autre résident de deuxième année avec moi)». Faut dire qu'entre moi et X, la chicane est dans l'air depuis qu'on est dans la même équipe sur l'étage de gynéco, c'est à dire depuis un bon 3 semaines. Il ne veut jamais faire la job plate, mais il me dit toujours qu'il va la faire. Résultat : les choses sont soit pas faites, ou faites le surlendemain, ou faites tout croche. Pas fort comme travail d'équipe. J'avais essayé d'en glisser un mot à ma résidente sénior, au cours des 3 dernières semaines, mais visiblement ça n'avait eu aucun résultat.

Donc après avoir révisé la situation de toutes ses patientes, elle prend X avec elle pour aller lui parler à son bureau. Déjà ça ne sent pas bon. Pourquoi vouloir nous parler à l'autre bout de l'hôpital dans son bureau? Personne ne fait ça habituellement. Enfin, 45 minutes plus tard, toujours pas de nouvelle de l'oncologue. OUF, peut-être qu'elle ne veut pas me parler finalement... C'était trop beau pour être vrai finalement... Elle m'appelle à peine 2 minutes plus tard pour me dire «j'ai fini avec X, viens à mon bureau...». J'avais vraiment un pressentiment que ça allait mal se passer. Pourtant, malgré un manque d'intérêt flagrant pour l'oncologie que j'essaie tant bien que mal de camouffler, je ne pense pas que je suis si mauvaise que ça. Je pense que j'ai l'air mauvaise parce que je fais vraiment une mauvaise équipe avec X, puisqu'on est absolument incapable de communiquer ensemble. Enfin... Mon pressentiment était bon, parce que «l'évaluation de mi-stage» (il lui fallait bien une raison crédible de nous taper sur la tête) était tout simplement terrible. Pendant une demie-heure, tout plein de reproches à demi-voilés sur ce que je devrais faire et sur ce que je devrais savoir (sans me dire vraiment clairement sur quoi j'ai vraiment raté mon coup), puis une attaque plus directe pour les derniers quinze minutes. Je trouvais que le 3/4 de ce qu'elle me déblatérait était vraiment injuste, et j'ai vainement essayé de m'expliquer. Mais c'est difficile pour moi d'argumenter en anglais quand je sens que je suis vraiment émotive. Pendant les derniers 5 minutes, je sentais les larmes au bord des yeux, mais j'essayais vraiment de rester forte et de ne pas flancher. Rien n'y fut : à un moment donné, elle a commencé à me demander si elle me faisait de la peine et c'est plus fort que moi, quand quelqu'un commence à me demander si j'ai de la peine ou si ça va et que je suis au bord des larmes, ça ne peut qu'exploser. Si elle s'en était tenue à ses reproches je m'en serais sortie, mais bon, ya rien de plus difficile que de se faire reprocher des trucs pendant 45 minutes (sans exagérer, j'ai regardé combien de temps ça avait pris sur ma montre!), des trucs qu'on trouve exagérés et injustes, puis de se faire dire «mais est-ce que je suis en train de te faire de la peine?» Enfin après ça elle essayait de se justifier en me disant «je te dis ça pour que tu t'améliores, tu pourrais vraiment être une excellente résidente, blablabla». Ben oui, essaies-tu d'insinuer que je suis la pire résidente de deuxième année avec qui tu as travaillé?

Bref, je suis retournée à l'étage après, X était là et n'avait pas l'air dans son assiette. Il me demande comment s'est passée mon évaluation et je lui réponds «très mal, elle n'avait que des choses à me reprocher». Lui qui n'est habituellement pas une personne très émotive me dit que la sienne avait été l'enfer, qu'elle l'avait noirci pendant une demie-heure et qu'elle ne lui avait absolument rien dit de positif. Et il a même ajouté qu'après il se sentait vraiment déprimé et qu'il avait le goût d'aller s'asseoir tout seul dans un coin. Venant de quelqu'un avec qui je ne m'entends vraiment pas, je me dis que ça a vraiment dû être méchant pour qu'il me confie ça!!!

Enfin, dire que je pensais que ce médecin était vraiment gentille. Comme de quoi on peut toujours se tromper sur les gens! Et je me sens vraiment humiliée d'avoir braillé comme un veau devant elle, j'ai dû lui donner l'impression qu'elle avait vraiment raison avec tous les trucs qu'elle me reprochait...

En plus je suis de garde demain. Je devrai donc me taper la tournée des MAUDITES patientes d'oncologie samedi et dimanche. EURK EURK EURK! J'espère qu'il va y avoir BEAUCOUP d'accouchements pour diluer toute cette merde...

Aucun commentaire: