Lilypie Third Birthday tickers

jeudi, juin 08, 2006

Ma mère...

Finalement, je ne devrais pas trop me plaindre de ce nouveau stage qui me laisse beaucoup de temps libre dans une journée... parce que dès le mois prochain, quand je serai de retour en gynéco-obstétrique, je vais sûrement passer mes journées à courir partout!!

Me voilà donc encore toute seule dans notre joli petit bureau de résidents à attendre qu'un service de l'hôpital consulte notre service d'hématologie. Toutefois, plus les minutes passent et plus la chance d'avoir une consultation diminue, parce qu'habituellement la décision de consulter un service se prend le matin. Mais bon, il y a toujours des exceptions...

Et bon, comme je devrais avoir devant moi assez de temps pour écrire un texte assez long, je vais en profiter pour raconter la deuxième brique qui nous est tombé sur la tête il y a maintenant presque 3 semaines...

1 semaine après notre retour de notre voyage de noce (qui fut merveilleux en passant :-)), mes parents devaient venir déménager ma soeur, qui retourne passer l'été à Chicoutimi. Ils ne venaient que pour 1 nuit et je les avais convaincu de venir coucher chez moi au lieu d'aller à l'hôtel (mes parents ont toujours peur de déranger) comme ça ma mère pourrait voir notre nouvel appart (nous avons déménagé en décembre dernier dans un 5 1/2... le gros luxe à côté de notre ancien 3 1/2 avec une pièce double!!).

Donc voilà, le déménagement était presque terminé et mon père et ma soeur montaient l'escalier pour aller chercher les derniers meubles, quand ma mère les suivait derrière. Tout à coup, sans raison apparente, ma mère est tombée sur le palier entre les deux escaliers. Ma soeur, qui a vu ma mère tomber, dit qu'elle n'a eu aucun réflexe pour se protéger, qu'elle est tombée comme quelqu'un qui a perdu connaissance. Ma soeur descend à toute vitesse pour voir si ma mère est correcte. Elle semble un peu sonnée et elle dit qu'elle a beaucoup de douleur à l'épaule droite. Mon père veut qu'elle se lève debout mais elle dit qu'elle n'est pas capable. Ma soeur appelle donc l'ambulance qui vient la chercher assez rapidement pour l'amener à l'hôpital.

Vers 13h, je reçois un appel de ma soeur. Elle pleure tellement ça lui prend 2 minutes juste pour me dire que ma mère est tombée et qu'elle est à l'hôpital. Elle est vraiment très bouleversée et elle me dit que c'est de sa faute si maman est tombée, que si elle n'était pas venu pour l'aider à déménager ça ne se serait jamais produit...

14h, on fini par arriver à l'hôpital, et ma mère est aux rayons X. Elle fait un effort pour nous sourire mais on voit bien qu'elle a mal. Mon père est convaincu que ma mère ne s'est que "déboîté" l'épaule et qu'elle va être mieux très rapidement. Mais moi je vois ma mère qui se tient le bras de la même manière que je le faisais quand je me suis cassée le coude, et je trouve que l'épaule a l'air drôlement enflée, ce qui me laisse assez perplexe et me permet de douter fortement de l'hypothèse de mon père. Finalement, le médecin de l'urgence est venu nous voir et le diagnostique est tombé : fracture du bras. Mon père commence à capoter, ma mère nous dit qu'elle s'en doutait, et moi (en tant que médecin) je m'inquiète de savoir ou est la fracture exactement... Le médecin de l'urgence, comprenant que je suis médecin aussi, a commencé à m'exposer les options (comme si le fait d'être médecin faisait de moi le chef de la famille...) et à me laisser le choix qu'elle reparte et qu'elle fasse un suivi avec un orthopédiste de Chicoutimi ou qu'elle dorme à l'hôpital pour voir leur orthopédiste le lendemain matin. Je dis à ma mère qu'elle est mieux de rester à l'hôpital et de se reposer là-bas, qu'elle va trouver ça loin venir chez moi dans cet état-là. Elle dit qu'elle veut se reposer, alors on quitte pour la soirée...

Mon père, d'une nature assez anxieuse, a capoté pour le reste de la soirée. Mon chum et moi avons essayé de le réassurer tant bien que mal, mais ça n'a pas donné gros de résultats.

Le lendemain matin, ma mère appelle chez moi alors que nous devions quitter pour aller la voir à l'hôpital : elle pleure et elle me dit qu'elle a aussi la hanche cassée. Elle vient juste de voir l'orthopédiste et il vient de lui dire qu'il va l'opérer en fin d'avant-midi pour la hanche...

On se rend donc à l'hôpital pour la voir : son moral est pas si mal et elle nous dit que son médecin est jeune et beau ;-). Ma soeur, apprenant la nouvelle que ma mère va rester à l'hôpital, ne veut plus retourner à Chicoutimi... Par gentillesse je l'invite chez moi vu que son appart était déjà tout vidé... Disons que mon chum n'était pas très chaud à l'idée mais il a quand même l'esprit de famille, alors il n'a rien dit.

Mon père, de son côté, devait retourner à Chicoutimi avec la van louée pour le déménagement de ma soeur, alors il est rentré seul le dimanche soir.

Finalement le bras de ma mère aussi a eu besoin d'une chirurgie, et une grosse : l'os était en plusieurs petits fragments qu'ils ne pouvaient pas réparer, alors ils ont dû lui mettre une prothèse...

Et bon, tout ça peut sembler bien dramatique mais il y a plus encore : ma mère n'a que 49 ans. Elle est encore toute jeune. C'est pas normal de tomber par terre et de se casser le bras en mille miettes et de se casser la hanche. C'est le genre de chose qui arrive à une femme de 70 ans qui a beaucoup d'ostéoporose. Eh bien c'est là qu'est la clé de l'énigme...

Il y a trois ans, le médecin de famille de ma mère l'a envoyé passer une densité osseuse, qui est un test qu'on fait pour détecter l'ostéoporose. Le test était positif : elle faisait déjà de l'ostéoporose à 46 ans. Il lui a prescrit des suppléments de calcium et de vitamine D, plus du fosamax qu'on prescrit pour ne pas que l'os continue de se détériorer.

Elle a décidé que c'était trop de médicaments pour elle et qu'elle aimait mieux se traiter avec des méthodes "naturelle" à la place. Elle a donc commencé à boire un ou deux verre de lait de soya par jour(parce que ça sonne plus naturel que du lait de vache, donc ça doit être meilleur pour la santé...) et à manger plus de produits laitiers. Enfin bref malgré son changement de diète elle ne prenait pas assez de calcium et surtout, elle ne prenait pas le médicament pour empêcher à l'os de se détériorer encore plus...

J'ai toujours su que ma mère était à risque de faire de l'ostéoporose, parce que ma grand-mère en fait, et j'ai souvent dit au cours des trois dernières années à ma mère qu'elle devrait faire une densité osseuse pour s'assurer qu'elle n'en faisait pas. Ma soeur, qui étudie en ergothérapie, lui en avait aussi parlé quand elle avait eu des cours sur l'ostéoporose. Tout ça pour dire que ma mère a eu amplement d'indices qu'elle devait faire quelque chose à propos de l'ostéoporose.

Bien entendu, elle a été assez intelligente pour ne pas le dire à personne. Sauf à sa soeur qui, elle aussi, est pro-produits naturels, et elle avait fait promettre à sa soeur de ne pas en parler à personne.

Le dimanche matin, avant sa chirurgie pour la hanche, elle me dit naïvement : "Tu sais Mandoline, mon médecin de famille m'avait diagnostiquée il y a trois ans avec l'ostéoporose. Il m'avait prescrit du Fosamax mais je ne l'ai pas pris parce que je voulais me traiter naturellement avec du lait de soya. Est-ce que tu penses que ça aurait fait une différence si j'avais pris le médicament?"

Qu'est-ce que tu veux répondre à ça... Comment dire à sa mère 30 minutes avant qu'elle se fasse opérer qu'elle est vraiment conne et qu'elle a vraiment cherché son malheur toute seule... اa ne se dit pas, donc je ne l'ai pas dit. Je lui ai dit que nous ne saurions jamais si tout ça serait arrivé même en prenant le fosamax (même si je suis sûre à 99% au fond de moi-même que ça ne serait pas arrivé, ou que les conséquences auraient été beaucoup plus limitées).

Enfin, finalement elle est restée presque deux semaines hospitalisée à Montréal, puis elle a pu être transférée dans un centre de réadaptation au Saguenay. Là, au moins, mon père peut aller la voir tous les jours, et ma soeur (qui est finalement restée une très longue semaine chez nous) va la voir à tous les 2-3 jours. Une de ses belles-soeurs préférées est infirmière dans ce centre, alors elle la voit tous les jours. Donc maintenant l'ouragan est sorti de ma vie. Mais ça n'a vraiment pas été facile quand elle était à Montréal, dans un hôpital à 1h de transport en commun de chez moi, avec des horaires de travail qui finissaient vers 18h chaque soir. Et comme quand ma soeur est partie j'étais son seul support, je n'avais pas beaucoup le choix d'y aller à chaque jour pour lui apporter les trucs qu'elle avait besoin pour sa physio, pour l'aider à faire sa toilette, etc. Ouf... pas évident... Et mon chum a trouvé ça vraiment difficile d'avoir à partager notre appart avec ma soeur et/ou mon père (dépendamment des jours) sur une période d'une dizaine de jours.

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