Lilypie Third Birthday tickers

jeudi, mai 17, 2007

Travail de nuit!

Encore une nuit tranquille :-). Cette semaine c'est cool, je ne travaille pas trop fort, peu de patientes viennent durant la nuit!

Par contre, certaines patientes en valent des dizaines, et c'est un peu ce qui m'arrive ce soir...

ATTENTION, L'HISTOIRE QUI SUIT PEUT CHOQUER. COMME LA VISION RÉALISTE DE N'IMPORTE LEQUEL MÉDECIN SUR SON TRAVAIL POURRAIT CHOQUER LE COMMUN DES MORTELS. (Le billet écrit sur ma première expérience avec un pessaire en est une bonne preuve, j'ai eu une belle tripotée de commentaires archi-négatifs après l'avoir posté comme de quoi je suis le médecin la moins humaine sur terre et blablabla!!! Et cette pauvre patiente avec le pessaire n'a jamais souffert d'avoir été en contact avec la "méchante" résidente que je suis puisqu'elle m'avait remercié un million de fois avant de quitter la clinique!!)

Dr X, un des médecins titulaire, m'appelle ce soir vers 23h pour me dire qu'une de ses patientes VIP était en chemin pour l'hôpital en début de travail. Cette patiente se trouve à être la fille d'un gynécologue maintenant à la retraire, et ce gynécologue travaillait en partenariat avec Dr X il y a une vingtaine d'année. Il m'explique que cette patiente veut une césarienne élective (trop peur d'un accouchement vaginal) et qu'elle est très difficile. Il rajoute qu'elle est impossible à examiner parce qu'elle ferme ses jambes et qu'on ne peut pas la raisonner, et qu'il n'a pas pas envie de faire une césarienne élective à 3h du matin (évidemment...)

Bref cette patiente arrive vers minuit trente. Mon étudiant va la voir, elle refuse de lui parler et
réclame à grand prix qu'on appelle son médecin. Je dis à mon étudiant d'ignorer cette patiente et de me laisser s'en occuper.

Je la laisse patienter une bonne demie-heure, et ensuite je me pointe dans la chambre. Je me présente comme était Dr T., et tout de suite elle m'interrompt en me demandant, d'un air arrogant, si je suis la résidente junior. Je lui réponds que oui mais je ne me laisse pas déboussoler par son arrogance et je continue mon questionnaire. Je lui explique ensuite qu'il faudra que je l'examine (pour qu'on sache ou on en est!!) et qu'ensuite on verra ce qu'on fera. Elle finit par accepter que je l'examine, mais elle veut aller aux toilettes avant. Whatever... elle y va et y reste pour un bon 15 minutes, hurlant et pleurant sur la bol de toilette qu'elle n'en peut plus et que c'est insupportable (sincèrement, elle n'avait pas vraiment l'air en bon travail... j'en ai vu assez pour détecter les patientes qui en mettent un peu trop).

Finalement, je réussis à la faire coucher dans le lit pour l'examiner. Je lui explique le blabla habituel, que le gel est froid et que c'est inconfortable, etc. Je m'approche d'elle, et aussitôt que le gel (pas même mon doigt!!) touche sa peau, elle se met à hurler et à fermer ses jambes!! Je la raisonne, la repositionne, et je me dépêche de l'examiner : elle me broie le bras avec ses jambes, elle se frappe la tête avec la main et elle hurle... Son col est super postérieur, pas vraiment capable de faire un bon examen dans ces conditions mais du bout de mon doigt je la sens ouverte à un centimètre.

Après l'examen le mari me demande quand Dr X. va venir. Je lui explique que Dr X. est à la maison, bien au chaud dans son lit!! Le mari, totalement sous le choc, n'en revient pas que Dr X. n'est pas dans l'hôpital, il semble même mettre ma parole en doute! Il pensait que les médecins passent toutes leurs nuits à l'hôpital ou quoi?

La patiente, vraiment anxieuse, me dit qu'elle veut sa césarienne tout de suite au cas ou son bébé sortirait dans les 5 prochaines minutes. Je lui réponds du tac au tac que si bébé sort dans les 5 prochaines minutes, c'est qu'évidemment un accouchement vaginal serait bien mieux pour elle! Ça lui en a bouché un coin de se faire dire ça donc elle s'est un peu calmé ensuite.

Mais bon, non seulement cette patiente rend toutes les infirmières folles en criant comme une malade à toutes les 5 minutes, mais en plus elle voulait avoir son intravéneuse insérée par l'anesthésiste!!! Comme si les infirmières n'étaient pas assez bonne pour elle!! PFFFF!!!

Après l'intravéneuse j'ai demandé à l'anesthésiste de lui faire une épidurale (pour avoir la paix jusqu'à demain matin, puisqu'au moins elle pourrait dormir et endormie elle serait plus facile à manager), mais horreur! ce dernier a refusé! Il me dit que si on voulait lui faire une césarienne on devrait la faire immédiatement, et que si on est pour la laisser être en travail c'est une autre histoire...

Donc bref je suis bien prise! D'un côté en tant que bonne résidente je dois préserver le sommeil de Dr X. , et de l'autre j'ai quand même le goût que les infirmières ne mangent pas trop de marde avec cette maudite patiente folle!!! Alors on lui a donné des narcotiques intravéneux pour lui aider à vivre avec sa douleur...

Là je vais aller l'examiner. Je vous jure qu'elle va progresser à 3-4 cm pour avoir son épidurale!!!

Anyway, habituellement je suis très gentille avec les patientes. La plupart sont attachantes, agréables et c'est vraiment un plaisir de s'occuper d'elles et d'en prendre soin. Mais il n'en faut qu'une seule comme celle décrite plus haut pour gacher une semaine entière!!!

2 commentaires:

Mynaï a dit...

Mon doux! Je peux facilement imaginer que certaines puissent avoir un seuil de tolérance à la douleur qui rende l'accouchement plus pénible... Mais il y a quand même des limites à la perte de contrôle! L'art de se ridiculiser!

Ça dû être vraiment pénible pour toute l'équipe présente.

Mandoline a dit...

Mynai, je dirais plutôt "l'art de se rendre intéressante".

Heureusement qu'elle a bien aimé nos narcotiques, sa nuit - et par conséquent la nôtre aussi - s'en est trouvée un peu plus agréable!!! Mais bon, je suppose que ça fait partie de mon travail de dealer avec des trucs comme ça!